8.14.2015

les feux de l'été

























l'été s'étire, parfois le ciel lâche son chagrin d'un jour et lave les plaies à grosses gouttes

j'ai tiré les sucs du printemps jusqu'au bout
asperges vert prairie rigolent sur riz déguisé en paella
vert rouge vert rouge
courant alternatif
les premières aubergines en papillotes - habits de lumière, boule à facettes, les plus belles pour aller danser
fraises artichauts brocolis fraises artichauts fèves fraises framboises fraises pois fèves haricots
la litanie joyeuse
ça rigole en cuisine au retour du marché au retour du jardin au retour du panier
petits ragoûts mijotés
légumes sautés vite fait
en salade
à la croque
nous n'en finissons pas de multiplier les variations, les répétitions, tempo allègre ou lent, chaloupé, voluptueux
ça valse ça swingue en cuisine

pizza alle zucchini, je cherche le goût de celle que j'ai mangé un jour piazza dei fiori à Rome . C'était décembre, il faisait frais mais le ciel bleu. Piazza dei Fiori, matin, marché, les étals fabuleux des marchés d'Italie, ça miroite , trésors précieux . et la boulange au fond, qui sert à la coupe des parts de pizza bianca et pizza alle zucchini, fine, fondante, divine
divine
celle-ci n'a pas le goût de ce souvenir -quête perdue d'avance- mais quand même, fondante, aussi, fine aussi, croquante. on effleure le divin, c'est léger . il n'y a avait pas de fromage sur celle de Rome, ça me revient, maintenant

aubergines
papilles en voyage en Crète, cette fois, d'autres souvenirs dans la bouche : le goût des fruits, concentré solaire
et dans ma bibliothèque, un livre que j'aime énormément, voyage assuré à chaque ouverture :
Cuisines de Crète de Nicholas Stavroulakis (L'asiathèque, collection cuisine et mémoire)
melitzanosalata

les fruits d'été mûrissent plus vite que leur ombre , la température extérieure, comme intérieure est élevée, moite, touffeur estivale
nous en feront un claFOUti  pêche nectarine cerise des amandes pour le croquant et les toujours parfaits oeufs d'Henriette (Margaret couve du vent et ne pond plus rien, elle gonfle ses plumes comme une baudruche)

au verger je soulage les pommiers des fruits trop serrés vert pomme gelée parfaite gelée dorée en pot : soleil pour l'hiver

et poursuivre la tournée des marchés plus au sud . ils n'ont pas la perfection des marchés italiens, mais les couleurs, les odeurs, les textures, les parfums, les sons me font battre le coeur et le sang et les papilles
tomates charnues, parfumées, prêtes à éclater, éclatées (pour le coulis, madame)
et puis on trouve de la mozzarella digne de ce nom
rouge vert blanc or
simplification dans la cuisine de plein air less is more
grillons grenouilles cigales effraies geais écureuils hérissons renards
c'est la fête

de retour Henriette et Margaret ont bien travaillé
nous en ferons un air de frittata
deux courgettes du petit potager frétillent dans la poêle avec un doigt d'huile d'olive, sel poivre origan frais, un reste de lard espagnol au nom improbable et oublié ramené d'une boucherie du sud très années 50, et là-dessus les oeufs battus. chaud froid. deux repas.

goûter improvisé
noir sureau
rouge sang acidulé
sureau trésor
après le sirop de fleurs au printemps
un gâteau avec ses fruits
sur la base d'un gâteau au yaourt : un yaourt . un demi pot de yaourt d'huile de tournesol . un pot de yaourt de sucre de canne roux . un pot de yaourt de farine de blé . un pot de yaourt de farine de maïs . 5 g de levure . 2 jaunes d'oeufs (bien mélanger le tout) . les 2 blancs d'oeuf battus en neige et serrés avec un pot de yaourt de sucre de canne  à ajouter tendrement à la préparation précédente . le sureau rincé et égrappé (5 belles grappes) . au four à 150° pendant 50 minutes . des prémisses d'automne dans l'assiette.

l'été s'alanguit
il se pose chaud sur mes épaules comme un gros chat
tomates feu d'artifice
rouge jaune orange vertes
acidulée sucrée charnue légère
une petite assiette , quatre variétés, quatre goûts, textures, sensations
green zebra ananas noire de crimée cerise inconnue
et basilic
et parmiggiano

rafraîchissement estival les nuages noirs s'enroulent au-dessus de nous
le vent fait claquer les fenêtres
tout à coup
zébrures électriques
des gouttes comme des diamants
et le concombre frais du panier mixé mentholé yaourté salé poivré
quelques grains de piment d'espelette

l'été est piquant
rouge vert rouge vert
explosif dans la bouche

3 commentaires:

  1. J'adore ! J'adore comme vous parlez de la nourriture en la mêlant aux mots et à la poésie de la vie. Et comme si l'harmonie était un tout, à la fois de douceur et de flamboyance. Une belle découverte que ce texte : bravo vraiment, et belle journée !

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    1. Merci Nikole ! a défaut de partager un plat avec vous, le plaisir de partager des mots ! Belle journée.

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  2. Toute une saison qui défile à travers ces photos. Et la poésie qui s'invite ici !

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