12.31.2015

le coeur








le coeur de l'arbre
le coeur de l'âtre
le coeur du foyer
le choeur

pour réchauffer le non-hiver, pour réchauffer la glace qui étreint les coeurs, le coeur du corps, le coeur de l'âme, la glace sur laquelle nul ne glisse,

pour panser les plaies du coeur, celui du corps, celui de l'âme, du miel pour tenir chaud,

pour ranger les tempêtes, les TOC, la rage, la tristesse, la douleur dans le tiroir d'une commode à la peau douce, taillée dans le coeur du bois de ronce,

nous nous sommes données rendez-vous au coeur de la maison, dans le soleil de midi, en fond les mésanges sifflotent le faux printemps . je dis, elle fait . sept oeufs or brillent dans le soleil du faux hiver . J'ai hâte d'être toute seule un midi, dit-elle, je me ferais une omelette, une bonne omelette, parce que désormais, je suis la reine des omelettes.
nous partageons, serrés autour du bar, la belle omelette jaune bouton d'or qu'elle nous a fabriqué, c'est un morceau de joie que nous dévorons.

nous nous sommes donnés rendez-vous au coeur de la maison, la nuit tombait plus lentement qu'à l'ordinaire. nous avons allumé des bougies, de minuscules étoiles, poudrant de braises le coeur de la maison, et serrés sur le canapé, nous avons partagé des brioches parfumées à l'hiver qui avaient pris le temps de pousser dans le coeur de la maison .

nous nous sommes donnés rendez-vous au coeur de la maison, la nuit était noire d'encre, la maison scintillait de braises sans doute magiques, et nous avons plongé à huit mains dans le rituel de la fabrication des gnocchis . 
les gnocchis de mémé de Paris qui était née en Vénétie, avait vécue dans les Dolomites, avait fabriqué de la dentelle au kilomètre en Suisse Allemande deux ans de son adolescence, avait servi des espresso dans un café de Milan et couru pour attraper à temps son tramway, était tombé amoureuse en Vénétie, était devenue métayère dans un village perdu du Périgord pour suivre son amoureux, avait entendu des quolibets, des mots qui pourraient faire mal - macaroni, lapine, ... -mais qui glissaient  parce qu'elle était fière pendant que les femmes du village courbaient l'échine, parce qu'elle avait des cheveux noirs, épais et brillants jusqu'à la taille pendant que les femmes du village coupaient les leurs , parce qu'elle était élégante comme à Milan pendant que les femmes du village marchaient les pieds dans des sabots de bois , parce qu'elle avait trois enfants et décidait qu'il n'y en aurait pas d'autres pendant que les femmes du village en avait dix ; mémé de Paris qui finalement s'était fait des amies de ces femmes, qui avait le coeur sur la main et la générosité en couronne,; mémé de Paris qui avait tenu la ferme de main de maître même quand la mort lui avait ravi son amoureux, qui avait rejoint sa fille cadette à Paris, qui était devenue parisienne de coeur, qui avait vécu à Paris comme à Milan, plus intensément qu'à Milan, qui était toujours italienne mais de Paris, Paris, Paris , qui faisait des allers-retours le week end pour apporter un Paris-Brest à ses petits-enfants, ceux qui vivaient en Picardie, qui cuisinait dans sa minuscule cuisine du 19e arrondissement des sauces tomates divines, des frites croquantes et généreuses, des crostollis, de la sauce de veau, de la polenta, et des gnocchis ; mémé de Paris avec qui j'ai passé des heures à façonner des gnocchis. Même quand elle a finalement quitté son Paris pour retourner en Périgord. Même quand l'été était trop chaud et qu'il n'y avait rien à faire, la pâte restait collante, nous façonnions des gnocchis . et c'était doux comme sa peau. 
A huit mains, blottis dans le coeur de la maison, comme autour d'un âtre très ancien, solide, indestructible, nous avons façonné des gnocchis en choeur, nous avons ri, nous les avons pochés, nous les avons arrosés de beurre fondu parfumé au romarin et de parmesan râpé et nous les avons mangés.

Et c'était doux.



8.14.2015

les feux de l'été

























l'été s'étire, parfois le ciel lâche son chagrin d'un jour et lave les plaies à grosses gouttes

j'ai tiré les sucs du printemps jusqu'au bout
asperges vert prairie rigolent sur riz déguisé en paella
vert rouge vert rouge
courant alternatif
les premières aubergines en papillotes - habits de lumière, boule à facettes, les plus belles pour aller danser
fraises artichauts brocolis fraises artichauts fèves fraises framboises fraises pois fèves haricots
la litanie joyeuse
ça rigole en cuisine au retour du marché au retour du jardin au retour du panier
petits ragoûts mijotés
légumes sautés vite fait
en salade
à la croque
nous n'en finissons pas de multiplier les variations, les répétitions, tempo allègre ou lent, chaloupé, voluptueux
ça valse ça swingue en cuisine

pizza alle zucchini, je cherche le goût de celle que j'ai mangé un jour piazza dei fiori à Rome . C'était décembre, il faisait frais mais le ciel bleu. Piazza dei Fiori, matin, marché, les étals fabuleux des marchés d'Italie, ça miroite , trésors précieux . et la boulange au fond, qui sert à la coupe des parts de pizza bianca et pizza alle zucchini, fine, fondante, divine
divine
celle-ci n'a pas le goût de ce souvenir -quête perdue d'avance- mais quand même, fondante, aussi, fine aussi, croquante. on effleure le divin, c'est léger . il n'y a avait pas de fromage sur celle de Rome, ça me revient, maintenant

aubergines
papilles en voyage en Crète, cette fois, d'autres souvenirs dans la bouche : le goût des fruits, concentré solaire
et dans ma bibliothèque, un livre que j'aime énormément, voyage assuré à chaque ouverture :
Cuisines de Crète de Nicholas Stavroulakis (L'asiathèque, collection cuisine et mémoire)
melitzanosalata

les fruits d'été mûrissent plus vite que leur ombre , la température extérieure, comme intérieure est élevée, moite, touffeur estivale
nous en feront un claFOUti  pêche nectarine cerise des amandes pour le croquant et les toujours parfaits oeufs d'Henriette (Margaret couve du vent et ne pond plus rien, elle gonfle ses plumes comme une baudruche)

au verger je soulage les pommiers des fruits trop serrés vert pomme gelée parfaite gelée dorée en pot : soleil pour l'hiver

et poursuivre la tournée des marchés plus au sud . ils n'ont pas la perfection des marchés italiens, mais les couleurs, les odeurs, les textures, les parfums, les sons me font battre le coeur et le sang et les papilles
tomates charnues, parfumées, prêtes à éclater, éclatées (pour le coulis, madame)
et puis on trouve de la mozzarella digne de ce nom
rouge vert blanc or
simplification dans la cuisine de plein air less is more
grillons grenouilles cigales effraies geais écureuils hérissons renards
c'est la fête

de retour Henriette et Margaret ont bien travaillé
nous en ferons un air de frittata
deux courgettes du petit potager frétillent dans la poêle avec un doigt d'huile d'olive, sel poivre origan frais, un reste de lard espagnol au nom improbable et oublié ramené d'une boucherie du sud très années 50, et là-dessus les oeufs battus. chaud froid. deux repas.

goûter improvisé
noir sureau
rouge sang acidulé
sureau trésor
après le sirop de fleurs au printemps
un gâteau avec ses fruits
sur la base d'un gâteau au yaourt : un yaourt . un demi pot de yaourt d'huile de tournesol . un pot de yaourt de sucre de canne roux . un pot de yaourt de farine de blé . un pot de yaourt de farine de maïs . 5 g de levure . 2 jaunes d'oeufs (bien mélanger le tout) . les 2 blancs d'oeuf battus en neige et serrés avec un pot de yaourt de sucre de canne  à ajouter tendrement à la préparation précédente . le sureau rincé et égrappé (5 belles grappes) . au four à 150° pendant 50 minutes . des prémisses d'automne dans l'assiette.

l'été s'alanguit
il se pose chaud sur mes épaules comme un gros chat
tomates feu d'artifice
rouge jaune orange vertes
acidulée sucrée charnue légère
une petite assiette , quatre variétés, quatre goûts, textures, sensations
green zebra ananas noire de crimée cerise inconnue
et basilic
et parmiggiano

rafraîchissement estival les nuages noirs s'enroulent au-dessus de nous
le vent fait claquer les fenêtres
tout à coup
zébrures électriques
des gouttes comme des diamants
et le concombre frais du panier mixé mentholé yaourté salé poivré
quelques grains de piment d'espelette

l'été est piquant
rouge vert rouge vert
explosif dans la bouche

5.10.2015

poème d'hiver en printemps
















mandarine
betterave la crue . carotte violette . orange de sicile . verte mâche
flageolets du jardin d'été de maman la fée
porc noir de bigorre . thym citron
carottes violettes . chèvre frais . cumin . tarte
oeufs . crevettes grises . d'Henriette . de Margaret . par L.
tomates . poivrons . paprika . la soupe du Café de Doffer, runstraat
kaas en charcuten au tallude . Utrecht
cuissots de poulet . tandoori . raïta . naans . par L., via H.
rouge rouge betterave . naans . fromage frais . fromages des pays bas
minestrone minestrone minestrone magnifico
victoria sponge cake . crème très fraîche très fouettée . beurre de printemps . Henriette egg's .
vert vif . épinards vifs . pasta fresca machinée par L. et H.
crêpe fleurie de L.

2.13.2015

hiver doucereux





tarte à la citrouille très douce
Sur une pâte feuilletée (la plus au beurre et sans additif du commerce) , des dès de citrouille du jardin (venue toute seule, la bonne surprise) revenus avant à la poêle dans un doigt d'huile d'olive avec des échalotes, des lardons, des dès de cheddar . dessus, un appareil de 2 oeufs battus avec de la crème fraîche, sel, poivre, muscade . 30 minutes à 190° .

un anniversaire qui fond
fondue aux fromages (comté/appenzel/beaufort - vin de Savoie) , et l'oeuf à la fin avec du très bon pain de campagne
un mélange de feuilles de chêne, roquette et fenouil crû pour relever le tout
fondue au choc pour conclure - ananas, mangue, poire / chocolat noir

une fausse galette des rois qui craque et qui fond
des feuilles de brick beurrées / un reste de crème frangipane (vraie-fausse crème pâtissière à l'amande : 2 cuil de maïzena mélangées à 3 cuil. de sucre de canne en poudre, 1 oeuf, 1 giclée de vanille liquide, 70 g de poudre d'amandes, le tout détendu par 50 cl de lait et mis à cuire doucement, en tournant. Quand ça épaissit bien, on retire du feu) / de l'ananas en lamelles fines et de la menthe / des feuilles de brick beurrées et au four 20 minutes à 180°

les petits pains vapeurs doudou
de Beau à la Louche
le plat préf de préf des belettes de la maisonnée.