le goût de la joie

dans ma bibliothèque de souvenirs, Mémé de Paris est un personnage récurrent . un midi dans son appartement de l'avenue Laumière, celui où elle louait une chambre à un autre italien - et puis finalement, ils ont vécu ensemble si longtemps, en "tout bien tout honneur" aurait-elle pu dire, jusqu'à sa mort à lui à plus de 90 ans ; après elle n'était pas seule sans doute, sur son buffet, il y avait les photos des deux hommes de sa vie , son amour et mari, et lui, Monsieur Philippe. un midi, donc, avenue Laumière , dans la minuscule cuisine où trône, en tous cas dans mon souvenir, une énorme cuisinière (à charbon ? à fuel ?), énorme et noire, et un tout petit buffet, une petite table et deux, trois chaises en gros bois peint en blanc, le dessus en un espèce de terrazzo de fortune vert-de-gris . des meubles nés des mains de Monsieur P. et puis, Mémé de Paris , qui tourbillonne comme un pinson, on entend les pigeons sur la fenêtre où elle pose toujours du riz, elle pèle les patates plus vite que son ombre et fait les meilleures frites du monde . la superbe italienne fait les frites comme personne, je n'en ai jamais mangées de meilleures, elles avaient le goût de sa joie 

le panier de Pierre contenait, hier, entre autres, une énorme salade pain de sucre, cuisinée hier soir avec patates et lardons pour un plat paysan simple, acidulé et doux à la fois - la petite n'étant pas là, on peut manger ce qu'elle déteste, mais c'était quand même trop amère pour les papilles de la grande.

(faire revenir un belle tranche de lard fumé coupée en dés. ajouter de la salade en quantité (ici, la moitié de la bête). quand elle a rendu son eau, ajouter 6 petites (ou 3 grosses, ou comme on veut/aime) pommes de terre coupées en gros morceaux. saler et poivrer . couvrir et cuire à l'étouffée sur feu un peu vif mais pas trop jusqu'à ce que les pommes soient tendres. A la fin, j'ai ajouté un filet d'huile d'olive pour dorer un peu les patates. Et voilà.

Et puis, aussi, un rôti de dinde, enduit d'huile d'olive, de curry, de cumin et de gingembre, mis à dorer dans une cocotte en fonte , avec un gros oignon tranché fin. pendant ce temps, préchauffer le four à 180°. ajouter un verre de vin blanc sec dans la cocotte, détacher les sucs de cuisson, couvrir et enfourner pour 30 à 40 minutes. pendant ce temps, épluchage d'une courge au nom inconnu, mais très orange, puis cuisson à la vapeur avec un peu de sel et du thym . elle accompagne le rôti, écrasée à la fourchette et mélangée à une cuillère de crème. à côté, j'ai cuit à la vapeur aussi 3 poires épluchée et épépinées (par le dessous pour les garder entières) , dans l'eau de cuisson : un bâton de cannelle, une étoile de badiane et quelques grains de cardamome, 15 minutes . puis j'ai coulé dessus 6 carrés de chocolat noir mis à fondre avec une cuillère d'eau et j'ai parsemé quelques dés d'oranges confites (verdict : trop bon).